Aube
Rêve d’aube
Ce serait comme un rêve doux, sur un ciel de craie rose et bleu. Les arbres dessineraient d’un trait agile leur ombre chinoise en estampe japonaise. Ce serait une aube d’hiver pailletée de gel, et nos bouches feraient des nuages de buée tiède dans l’air froid au rythme de nos silences complices. Et nos rires sonneraient comme des cloches quand elles célèbrent la joie. Et les oiseaux craintifs viendraient picorer à nos pieds sur la terre gelée, froissant leur ailes encore fragiles aux herbes hérissées de la nuit. Ce serait le rêve d’un matin à l’odeur de pain chaud glissant dans l’air léger. Et tu entendrais le silence ouaté d’écume qui habille le début des jours. Quand la vie n’a pas encore posé ses empreintes d’insecte sur les heures. Ce serait cet instant impalpable entre le jour et la nuit où s’écrivent les histoires à quatre mains qui n’existeront pas. Et nos regards croisés resteraient suspendus l’un à l’autre dans ce ciel bleu et rose qui ne connaît pas le mot fin.
Ce serait comme un rêve doux dans une aube d’hiver.
© MLS 05/03/2015