Et un enfant...
Et un enfant…
J’ai vu la mer se noyer dans tes yeux et tes paupières ployer à marée haute. Et un enfant venir mourir, oiseau ailes brisées, comme une plume sur la plage de nos regrets
J’ai vu l’eau du silence se dissoudre dans tes cris étouffés quand le vent murmurait des caresses absentes
J’ai senti tes mains pâles serrer fort un corps nu et griffer l’air trop vide des chambres désertées
J’ai eu sur ma langue asséchée le jus amer des paroles inventées en vain et les injures sourdes qui ne servent à rien
J’ai crié avec toi quand ta voix se taisait à force de blessures et j’ai aussi vomi la douleur blanche au goût de fiel
J’ai partagé les heures d’attente vaine, celle qui ruisselle infiniment sur les murs trop lisses des espoirs déçus. Et un enfant mourait d’attendre des réponses mille fois répétées à un écho muet
J’ai vu la marée bleue envahir obstinée le sable de tes yeux noyés et l’eau était trop haute à mon amour blessé
J’ai entendu le son fané des remords assourdis, quand le ciel pèse lourd sur les grèves oubliées.
Et un enfant venait mourir là, insecte fatigué, dans les vagues de soie d’un océan brûlé.
© M.Line SALTEL 04/09/2015