Vacances : carnet d'images # 10
Et puis, le mystère bienveillant d'une porte...
Les plaisirs de la porte.
Les rois ne touchent pas aux portes.
Ils ne connaissent pas ce bonheur :
pousser devant soi avec douceur ou rudesse
l'un de ces grands panneaux familiers,
se retourner vers lui pour le remettre en place,
- tenir dans ses bras une porte.Le bonheur d'empoigner au ventre
par son noeud de porcelaine l'un de ces
hauts obstacles d'une pièce ;
ce corps à corps rapide par lequel un instant
la marche retenue, l'oeil s'ouvre
et le corps tout entier
s'accommode à son nouvel appartement.D'une main amicale il la retient encore,
avant de la repousser décidément et s'enclore,
- ce dont le déclic du ressort puissant
mais bien huilé agréablement l'assure.Francis PONGE (Le parti pris des choses)