Camille... Le murmure des voix...
Il y a 73 ans, un 19 octobre, s'éteignait Camille Claudel, après 30 ans d'internement forcé en asile psychiatrique, coupée du monde des vivants et de sa passion créatrice, seule.
J'avais envie de lui rendre hommage, à ma façon.
Le murmure des voix
Il faudrait écouter le murmure des voix quand elles se taisent…
Le vent avait pris ta place dans un balancement doux. C’était le bruit des feuilles qui se bercent
Il peuplait mon sommeil d’oubli plein. Celui qui habille le vide et fait dormir aux heures blanches de l’aube, quand ton cœur bat un peu trop vite, un peu trop fort, sans respecter le rythme imposé par la vie.
J’avais saisi au vol la gifle d’une porte abandonnée au vent. Elle n’avait pas su m’extirper de la torpeur consentie où je me réfugiais. A bras le corps. Moi aussi j'avais renoncé, faute de mots, faute de sens, faute de nous.
Dans mes rêves d’après, j’ai vu tes mains poignarder les veines du ciel. Et le sang coulait clair. Je crois qu’il n’avait même pas de couleur. La flaque liquide formait une île autour de moi. Toujours je me balançais, bercée au vent des branches sans paroles. Robinsonne oubliée dans son hamac-sablier.
Il y avait déjà longtemps que tu étais parti. Enfin, je crois…
Je ne suis plus sûre de grand-chose. La réalité m’échappe. Je me trompe de rêve.
On dirait que je tremble. Un peu…
La lune a rempli le ciel de son incandescence froide. C’est quoi, s’aimer ?
Mes questions magistrales brûlent de tous leurs feux. Je crois que je ne l’éteindrai pas, ce brasier-là. Tu es parti pourtant j’entends ta voix.
Je suis ici et je n’y suis pas. Ou plus.
Je te parle, tu ne m’entends pas. Tu me parles… Je ne sais pas…
Parfois, il faut savoir baisser les bras...
Il faudrait écouter le murmure des voix quand elles se taisent…
© Marie-Line SALTEL-BAYOL- 17/01/2016
"Femme accroupie" de Camille Claudel
"L'âge mûr", de Camille Claudel
Portrait de Camille Claudel, hommage, par Marcos Rodrigo