Les bois...
En écho à son billet d'aujourd'hui,
qui a soudain éveillé tant de choses en moi,
je n'ai pas pu résister... J'ai écrit ces lignes :
Albussac (Corrèze)
"J'aime les bois...
Les bois sauvages, sans clôtures, avec des fougères et des ronces, avec des branches mortes et des arbres immenses, des sapins, des chênes et des châtaigners... Des noisetiers aussi...
Les bois de mon enfance et de mes souvenirs
où mon père n'est jamais très loin...
Leur odeur d'humus, de pourriture qui sent bon, de terre et de feuilles qui finissent leur vie sur ce sol qu'elles nourriront... leurs couleurs au mille dégradés de vert, de jaune, de marron, et les rayons de soleil qui éclairent la scène comme autant de metteurs en scène magiciens...
Leur atmosphère, leur calme, leur silence avec tous ces petits bruits qu'on n'entend bien que là, le vol d'un papillon, le bourdonnement d'une abeille affairée, le frôlement d'une toile d'araignée, l'envol d'un oiseau surpris, le frémissement d'un animal sauvage dérangé en son domaine, la trace d'un sanglier qui a couché là, les quelques poils arrachés au pelage d'un lièvre trop pressé, et tous ces petits signes de vie imperceptibles habituellement, mais qui là, dans la solitude, habitent l'espace et le rendent vivant ...
L'éclat d'une fleur sauvage dans un rayon de soleil faufilé entre les feuilles, la rondeur d'une mûre encore un peu verte qu'on ne résiste pas à cueillir pour en sentir l'acidité et se dire que c'est bon, que l'on est en vie......
Et les champignons ! ah ! les champignons !...
Les mauvais, qui signent de leurs couleurs et de leur odeur l'arrivée d'un temps propice à la cueillette. Prémices de récoltes autres et attendues avec espoir. "Quand ces champignons blancs-là sortent, c'est qu'il y a des cèpes pas loin !".. On les regarde, on les effleure du pied, pas trop... juste pour le plaisir de se dire "je l'ai vu, il ne m'intéresse pas !"
Mais sans eux les bois ne seraient pas vraiment des bois...
Et puis les bons, les familiers depuis l'enfance : cèpes, girolles, coulemelles... ceux dont la découverte est un plaisir infini sans cesse renouvelé, comme un trésor inespéré à chaque pas. Ceux dont la quête est parfois longue et vaine, avec pour seule récompense un bouquet de bruyère. Ceux que l'on rapporte fièrement, en les cachant, un peu... pour faire la surprise, et dont on ne dit jamais où on les a vraiment trouvés... ceux qui ont un parfum inégalé et tenace qu'on ne peut jamais oublier... Ceux qui seront, une fois cuisinés ou mis en conserve, un peu de ces bois dans l'assiette, dans le coeur...
Mon regret aujourd'hui : ne pas être chez moi en Corrèze, où les girolles sortent en ce moment à qui mieux mieux !
C'est le seul endroit au monde où j'aime la pluie : les bois !"
MLS - 05 06 2008