Printemps
Dans l'assiette, c'est le printemps ! Dans les mots aussi ! :)
Avril, déjà des radis,
Bientôt des asperges qui sourient,
Des sillons pour le semi des carottes
Des sillons sans fautes,
Pour les belles petites pommes de terre,
C'est toute une affaire,
Les fraises sont en fleurs,
Les cerisiers, quel bonheur,
Les pommiers, les poiriers, quelles couleurs…
Iris GUTFRIED
"Tu récoltes ce que tu as semé, tu commences par le rouge et le vert, premiers radis, premières laitues, gotte jaune d'or ou reine de mai, d'abord des feuilles tendres comme du papier de soie, presque transparentes puis qui bouclent comme des oreilles, d'un vert moyen qui s'approfondit encore à l'extérieur alors que le cœur de la salade enfle et blanchit, un cœur qu'on peut arracher aussitôt avec les dents et croquer naturellement dans le jardin en l'assaisonnant avec une tige de jeune échalote "
Lucien SUEL -Mort d'un jardinier
"Au présent: Je carotte, tu asperges, il mache, nous oignons, vous chicorée, ils ou elles les tue. A l'imparfait: je panais. Au passé composé: ils ont rit. A l'impératif: ail."
Pierre Grassou (1839)
"J’écris en la prenant en main. Jamais un texte sans la main qui parcourt la peau à un moment donné. L’écrit vient de ce rapport physique avec la pomme de terre. Alors on s’use, évidemment, elle et moi... "
Jean FOUCAULT (Charlotte, Mona Lisa et les autres)
AU CŒUR DE L'OIGNON
L'oignon
Se pèle en pleurant.
Mais l'oignon s'épelle
En hésitant drôlement
Constantin KAÏTÉRIS
(Un jardin sur le bout de la langue)
... "C’est facile, d’écosser les petits pois. Une pression du pouce sur la fente de la gousse et elle s’ouvre, docile, offerte. Quelques-unes, moins mûres, sont plus réticentes - une incision de l’ongle de l’index permet alors de déchirer le vert, et de sentir la mouillure et la chair dense, juste sous la peau faussement parcheminée. Après, on fait glisser les boules d’un seul doigt. La dernière est si minuscule... L’écossage des petits pois n’est pas conçu pour expliquer, mais pour suivre le cours, à léger contretemps. Il y en aurait pour cinq minutes mais c’est bien de prolonger, d’alentir le matin, gousse à gousse, manches retroussées. On passe les mains dans les boules écossées qui remplissent le saladier. C’est doux ; toutes ces rondeurs contiguës font comme une eau vert tendre, et l’on s’étonne de ne pas avoir les mains mouillées. Un long silence de bien-être clair, et puis il y aura juste le pain à aller chercher."
Philippe Delerm - La première gorgée de bière
"Une valse en forme de fraise
Qu’on mange avec ses doigts"
Boris VIAN (Valse dingue)
Une certaine idée de mon menu de Pâques... :)